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JOURNAL LA LOUPE
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16 mai 2014

MEMOIRE DE BECHIR

C'étai en 1976 ou 77, je ne me souviens plus de l'année avec précision, j'avais 11 ou 12 ans.
J'étais le deuxième d'une famille de cinq garçons;
Notre père -Allah yer7mou- était au front (c'était la guerre du sahara) et nous n'avions aucune nouvelle de lui depuis novembre 1975, date de son départ pour la guerre; Des parents à nous nous ont même annoncé sa mort lors d'un accrochage à bir mogrein, information que nous n'avions pas pu vérifier auprès de l'Etat Major de l'Armée.
Nous habitions une maison louée par l'Armée à la médina trois de Nouakchott. Je ne savais pas comment nous parvenions à subvenir à nos besoins, tellement nos moyens étaient limités. Nous avions une belle mère très débrouillarde même si avant son mariage avec mon père, elle vivait à la badiya et ne connaissait rien de la ville. Elle avait du caractère.
Un jour donc de l'année 76 ou 77, le propriètaire de la maison que nous habitions vint nous demander de sortir de sa maison, car disait-il, les militaires sont des mauvais payeurs.
Notre maman (belle mère) affolée se dirigea vers l'Etat Major pour leur annoncer la nouvelle et leur demanderr de nous reloger ailleurs;
Les responsables rencontrés par elle, lui dirent qu'il n ya pas de logement disponible, que l'Armée connait d'énormes difficultés financières et qu'elle n'a qu'à se débrouiller. Elle leur rétorqua qu"elle n'a aucun moyen de trouver un logement pour les enfants de l'homme que l'Armée a envoyé se battre et que c'est à cette dernière quand même qu'incombe cette responsabilité! Rien n'y fit. Ils lui répondirent que la seule chose qu'ils peuvent faire c'est lui donner un camion pour l'aider à déménager.
Elle pleurait à son retour.
Nous, par contre, nous étions contents de monter dans un camion de l'Armée et de poser une multitude de questions naives aux soldats qui étaient chargés de la corvée.
Une fois les bagages chargés dans le camion, notre belle mère dit aux militaires que nous n'avons pas où aller et qu'ils n'ont quà nous amener à l'Etat Major. Ce qu'ils firent sans poser de questions. Ils compatissaient à notre sort; Ca se voyait sur leurs visages;
Il était dix huit heures passée à notre arrivée au poste de garde devant l'Etat Major. Le chef de poste vint à notre rencontre; Après une longue discussion avec ma belle mère et le chef de bord du camion, il accepta de nous laisser entrer. Le camion fut déchargé dans l'enceinte même de l'Etat major et nous nous installâmes sur une natte que l'un des soldats avait étalée à cet effet.
Nous partageâmes le diner des militaires ce soir là. Ils ne ménagèrent aucun effort pour nous distraire de la dure épreuve que nous vivions.
On s'endormit à la belle étoile avec un sentiment de quiétude indescriptible en dépit de notre malheur. Je ne sais pas par contre, si ma belle mère a trouvé le sommeil cette nuit là.
Le lendemain, je fus réveillé par un soldat qui m'apportait du pain et du café.
Les militaires commencèrent à venir à l'Etat Major et presque tous passaient nous voir par curiosité. Un gros groupe s'était formé autour de nous. Il y en avait qui connaissaient mon père, d'autres pas.
Soudain, ils se mirent tous au garde à vous et un homme imposant, un capitaine fit son apparition. Il se dirigea directement vers ma belle mère et lui posa quelques questions. Il semblait indigné par ce qui nous arrivait et repétait des "khla3anna! khla3anna"!" (désolé! désolé!) qui en disaient long sur son indignation.
Il vint nous voir un à un, distribuant de gentils mots, nous caressant les cheveux. Son attitude nous remplit d'une immense joie.
Il se comporta en officier digne et responsable;
Sa voix était réconfortante et son comportement paternel.
Il donna ses instructions devant nous pour qu'un logement nous soit trouvé dans la journée; Et ses instructions furent suivies à la lettre.
Il vint nous trouver le soir même dans notre nouvelle demeure avec plein de biscuits et de chocolats. Il ne dura pas avec nous, mais insista auprès de notre belle mère pour qu"elle s'adresse directement à lui chaque fois qu'elle a un problème.
Cet officer, commandant de la CQG à l'époque, je ne pourrais jamais l'oublier. Il est à jamais gravé dans mon coeur.C'est mon superman à moi/
Merci Cheikh Si'Ahmed Ould Babamine.

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